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Recherches

Mes travaux prennent place dans diverses sous-disciplines de la science politique :

  • études européennes,

  • analyse des politiques publiques,

  • études législatives,

  • sociologie du personnel politique,

  • théorie politique,

  • relations internationales.

J’ai essayé de développer une approche sensible aux institutions et aux règles – formelles et informelles – qui les gouvernent, mais aussi au comportement des acteurs. Je tiens à la neutralité axiologique et j’évite autant que possible le registre normatif dans mes publications, enseignements et conférences. Mon objectif n'est pas de critiquer ou de prêcher,  mais d'analyser et de comprendre, qu'il s'agisse du fonctionnement des institutions, de leur agencement, du comportement des acteurs ou encore les idées qui les animent.

Au fil de ma carrière, j’ai collaboré avec des auteurs venus de divers horizons :

  • politistes adeptes des méthodes quantitatives ou qualitatives,

  • sociologues,

  • historiens,

  • juristes (droit européen, constitutionnel et parlementaire),

  • théoriciens du politique,

  • praticiens (élus, hauts-fonctionnaires, consultants...).

Mes travaux sont publiés surtout en français et en anglais, mais aussi en espagnol, allemand, portugais, mandarin, tchèque, italien et japonais.

Ils portent sur 6 objets centraux:

  1. le Parlement européen ;

  2. le système politique de l’Union européenne ;

  3. l’euroscepticisme ;

  4. la gouvernance à niveaux multiples ;

  5. la représentation parlementaire ;

  6. l’action extérieure de l’Union.

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1. Le Parlement européen


Dans ma thèse de doctorat (1998) et la monographie qui en a découlé (Le Parlement européen, assemblée délibérante, Bruxelles, 2001) je me suis penché sur la nature et le mode de fonctionnement du Parlement européen, organe alors peu étudié, et je me suis intéressé à deux problématiques.

La première est l’influence du Parlement européen sur le fonctionnement de l’Union, qui est constamment sous-évaluée pour des raisons historiques. Le Parlement européen a, en effet, été conçu comme une assemblée consultative, dépourvue de réels pouvoirs. Aussi, les journalistes, responsables politiques et citoyens persistent-ils (à l’époque de mon travail de thèse, mais aujourd’hui encore) à considérer que son influence est faible, même si elle a été constamment revalorisée. Le système politique de l’Union reste, il est vrai, très spécifique, et le Parlement européen doit sans cesse batailler pour que ses objectifs et points de vue soient pris en compte, et pour que son rôle soit reconnu.

A ce titre, la thèse envisage un second enjeu : le mode de fonctionnement du Parlement européen et la tension entre efficacité et chaos qui le traverse. L'"anarchie rationalisée" qui règne au Parlement européen lui permet de délibérer malgré de multiples contraintes (hétérogénéité des députés venus d’horizons divers, recours à de multiples langues de travail, divergences entre les intérêts nationaux, nécessité de réunir de larges majorités et de respecter des délais drastiques, agenda pléthorique…), mais au prix d’un manque de lisibilité et de transparence.

La thèse montre que l'expérience qui prend place depuis 1952 au Parlement européen constitue une réhabilitation sans équivalent de la délibération comme mode de décision. Elle a permis à l’assemblée européenne de mettre en débat la politique de l'Union afin d'en réduire l'opacité et les excès technocratiques, et de peser sur elle bien au-delà de ce que prévoient les traités.

Depuis, j’ai constamment revisité la question de l’influence et du mode de fonctionnement du Parlement européen, y consacrant de nombreux ouvrages, articles, chapitres et rapports. Avec Florent Saint Martin, nous avons publié Le Parlement européen, petit ouvrage qui offre un regard synthétique sur l’institution (La Documentation Française, 2009 et 2011). J’ai coordonné la première partie, consacrée à la montée en puissance et à la légitimation de l’assemblée, de l’ouvrage publié par le Parlement européen pour son cinquantenaire (La construction d’un parlement : 50 ans d’histoire du Parlement européen (1958-2008), Luxembourg, OPCE, 2009 ; traduit en anglais et allemand). Je continue à publier régulièrement sur le Parlement européen, notamment pour examiner les évolutions de l’institution (direction du numéro spécial « Le Parlement européen après les élections de mai 2019 : ruptures et continuités » de la Revue du droit de l’Union européenne, avril 2020 ; direction de l’ouvrage The European Parliament in Times of Crisis: Dynamics and Transformations, Palgrave, 2019), ainsi que celle des recherches qui y sont consacrées (codirection, avec Nathalie Brack du numéro spécial du Journal of Legislative Studies “The EP through the lens of legislative studies: recent debates and new perspectives”, mars 2018).

J’ai aussi rédigé de nombreux rapports pour le Parlement européen.

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2. Le système politique de l'Union européenne

Au début des années 2000, j’ai fait partie d’un groupe de jeunes chercheurs désireux de promouvoir les études européennes dans l’espace francophone (Paul Magnette, Renaud Dehousse, Sabine Saurugger, Christian Lequesne, Nicolas Levrat, Céline Belot, Bastien Irondelle, Yves Surel, Andy Smith, Emiliano Grossmann…). J’ai contribué à la création et à l’animation de la Section d’études européennes de l’Association française de science politique, qui a organisé de nombreux colloques et journées d’études, et accru la visibilité des questions européennes en France (cf. Olivier Costa et Paul Magnette (dir.), Une Europe des élites ? Réflexions sur la fracture démocratique de l'Union européenne, Editions de l’Université de Bruxelles, 2007).

C’est dans ce contexte, au début des années 2000, que je me suis penché sur la question démocratique dans l’Union européenne, alors émergente. L'Union s’affirmait comme un système politique à part entière, dont les décisions avaient un impact croissant pour les Etats mais aussi pour les citoyens, mais qui ne disposait pas de principes clairs de légitimation. Avec Nicolas Jabko, Christian Lequesne et Paul Magnette, j’ai dirigé deux numéros spéciaux de revues relatifs à l’émergence de diverses logiques démocratiques au sein de l’Union (contrôle, participation, représentation, distribution des pouvoirs…) ("L’Union européenne, une démocratie diffuse ?", numéro spécial de la Revue française de science politique, 2001 ; "The Diffusion of Democracy: Emerging Forms and Norms of Democratic Control in the European Union", numéro spécial du Journal of European Public Policy, 2003).

Avec Paul Magnette, j’ai aussi évoqué le « patriotisme constitutionnel » comme possible voie de légitimation de l’existence et du fonctionnement de l’Union, et envisagé les moyens de surmonter la crise constitutionnelle de l’Union déclenchée par le rejet, en 2005, du traité constitutionnel européen (Le patriotisme constitutionnel et l’Union européenne, numéro spécial de la revue Politique européenne, 2006 ; « How the EU Could Overcome the Current Constitutional Crisis », Policy Brief du réseau d’excellence GARNET, 2007).

Avec Renaud Dehousse, j’ai étudié l’émergence des « trilogues », une nouvelle modalité d’adoption de la législation européenne apparue au début des années 2000, qui a profondément modifié le fonctionnement de l’Union depuis (« La Codécision et les ‘accords précoces’. Progrès ou détournement de la procédure législative ? », Notes de la Fondation Notre Europe, 2011). Nos recherches ont notamment bénéficié des données réunies dans le cadre de l’Observatoire des institutions européennes (Sciences Po) et du projet ANR Politix dirigé par Renaud Dehousse.

En 2011, j’ai synthétisé, avec Nathalie Brack, dix ans de recherches et d’enseignements sur l’Union en publiant le manuel Le fonctionnement de l’Union européenne (Editions de l’Université de Bruxelles). Ce livre, actualisé plusieurs fois (2014, 2017, 2024 (à venir)), a été traduit en portugais (Brésil), en chinois simplifié, puis en anglais (Sistema Decisório da União Europeia, Sulina, Porto Alegre, 2011 ; 欧盟是怎么运作的, Beijing, Social Sciences Academic Press, 2016 ; How the European Union really works, Ashgate 2014 et Routledge 2018). Il propose un tour d’horizon de l’histoire, de l’organisation et du fonctionnement des institutions de l’Union européenne et la fabrique de ses politiques, et envisage aussi les débats scientifiques et théoriques qui y sont consacrés.

Avec Frédéric Mérand (Université de Montréal), j’ai coordonné en 2017 un vaste Traité d’études européennes qui fait le point sur l’état de la recherche, en soulignant la contribution des travaux francophones (Larcier-Bruylant, Bruxelles).

Avec Steven Van Hecke (KUL), j’ai coordonné un ouvrage qui propose un bilan des évolutions de l’Union postérieures aux élections de 2019 (The EU Political System after the 2019 European Elections, Palgrave, 2023).

Je me suis aussi penché sur la Conférence sur l’avenir de l’Europe (2022-2023), exercice inédit de réflexion sur les perspectives de l’intégration européenne impliquant des citoyens tirés au sort (avec Karine Caunes, Sacha Garben et Inge Govaere (dir.), double numéro spécial du European Law Journal, « Shaping European Democratic Integration of the 21st Century: an Interdisciplinary Contribution to the Conference on the Future of Europe », 2020).

La guerre en Ukraine a relancé les réflexions sur l’avenir institutionnel et politique de l’Union, et les perspectives d’élargissement. Au sein du « Groupe des Douze », groupe d’experts nommés par les gouvernements français et allemand, j’ai pu envisager cette question, et rédiger, avec Daniela Schwarzer, le rapport du groupe (« Naviguer en haute mer : réforme et élargissement de l’Union européenne au XXI° siècle », 2023).

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3. L'euroscepticisme et les résistances à l'Europe

A une époque où le sujet était encore peu couru, je me suis intéressé à la question de l’euroscepticisme. Avec Antoine Roger (Sciences Po Bordeaux) et Sabine Saurugger (Sciences Po Grenoble), nous avons analysé les différentes manifestations des remises en cause de l’intégration européenne (numéro spécial de la Revue internationale de politique comparée, 2008). Nathalie Brack (ULB) et moi avons fait valoir que l’euroscepticisme ne s’exprime pas seulement dans la société et dans les espaces politiques nationaux, et prend place au sein même des institutions européennes – Parlement européen, mais aussi Conseil, Commission et Cour de justice de l’Union (“Diverging Views of Europe: The EU against itself?”, numéro spécial du Journal of European Integration, 2012 ; Diverging Views of Europe: Euroscepticism within the EU Institutions, Routledge, 2012).

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4. La gouvernance à niveaux multiples

J’ai aussi envisagé la question de la gouvernance à niveaux multiples de l’Union européenne. Celle-ci se distingue en effet d’une organisation internationale classique, car elle ne s’adresse pas qu’aux représentants des Etats, mais entretient des relations directes avec les citoyens et toutes sortes d’organisations publiques (administrations, collectivités locales…), privées (entreprises, lobbies…) et de la société civile (syndicats, associations, partis…) (avec Thierry Berthet, Rodolphe Gouin, Xabier Itçaina et Andy Smith (dir.), Les nouveaux espaces de la régulation politique, L’Harmattan, 2008). Avec, Jacques de Maillard (Versailles) et Andy Smith (Science Po Bordeaux), nous avons étudié cette question sous l’angle particulier de la régulation du secteur viticole, en partant du cas du Bordelais (Vin et politique. Le Bordeaux, la France, la mondialisation, Presses de Sciences Po, 2007).

Cette réflexion sur la gouvernance à niveaux multiples a aussi abouti à une recherche sur l’européanisation des politiques nationales. Pour battre en brèche l’idée que « 80% des lois nationales seraient la transposition de normes européennes », Sylvain Brouard (Sciences Po), Thomas König (Université de Mannheim) et moi avons coordonné un projet comparatif dans 10 pays européens dont le but était de déterminer avec précision la part des lois nationales adoptée en raison d’une contrainte européenne (The Europeanization of domestic legislatures. The empirical implications of the Delors' Myth in nine countries, Springer, 2012). L’ouvrage montre que cette proportion s’établit plus sûrement à 20% qu’à 80%.

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5. La représentation parlementaire

J’ai développé de nombreux travaux relatifs à la représentation parlementaire, qui ne se limitent pas au Parlement européen.

Avec Eric Kerrouche (CNRS), nous avons lancé au milieu des années 2000 une grande enquête financée par l’ANR (projet LEGIPAR) auprès des députés français, afin de mieux saisir leur identité, leurs comportements et la vision qu’ils ont de leur mandat (Qui sont les députés français ? Enquête sur des élites inconnues, Presses de Sciences Po, 2007).

Cette recherche, et d’autres travaux, ont souligné la spécificité française que constitue la forte focalisation des députés sur la circonscription où ils sont élus, qui tend à les détourner du travail parlementaire (Olivier Costa (dir.), “Parliamentary Representation in France”, numéro spécial du Journal of Legislative Studies, 2013 ; Olivier Costa (dir.), Parliamentary Representation in France, Routledge, 2014 ; Nathalie Brack, Olivier Costa et Eric Kerrouche (dir.), « MPs between territories, assembly and party – Investigating parliamentary behaviour at the local level in France, Belgium and Germany », numéro spécial de French Politics, 2016).

La réplication du protocole d’enquête en Belgique et au Portugal a permis de confirmer cette spécificité française, qui résulte à la fois du mode de scrutin, de la culture politique et de la pratique généralisée du cumul des mandats (avant 2017) (Olivier Costa, Jean-Benoît Pilet, André Freire (dir.), « Political representation in France, Belgium and Portugal », numéro spécial de Representation, 2012).  

Avec Tinette Schnatterer, Laure Squarcioni et Anne-Sophie Behm (Sciences Po Bordeaux), j’ai aussi réfléchi à la revalorisation des pouvoirs du parlement français – en opérant notamment un bilan de la réforme constitutionnelle de 2008 – et à l’amélioration de la représentativité de la représentation française (avec Tinette Schnatterer et Laure Squarcioni, Peut-on revaloriser le Parlement français ?, Editions Fondation Jean Jaurès, 2012 ; avec Anne-Sophie Behm, "Les députés connaissent-ils l’entreprise ?", Paris, Cahiers En Temps Réel, 2013).

J’ai contribué – aux côtés d’autres chercheurs ayant réinvesti le sujet, comme Eric Kerrouche (CNRS), Sylvain Brouard (Sciences Po), Olivier Rozenberg (Sciences Po) et Jean-Benoît Pilet (ULB) – à relancer les études législatives en France et en Belgique francophone, et à mieux insérer les chercheurs français dans les réseaux internationaux consacrés à cette question (avec Eric Kerrouche et Paul Magnette (dir.), Vers un renouveau du parlementarisme en Europe ?, Editions de l’Université de Bruxelles, 2004).

Cela s’est notamment traduit par la création du GEVIPAR, Groupe d’étude sur la vie des institutions parlementaires, qui associe Sciences Po (Paris), l’Assemblée nationale et le Sénat afin d’organiser des manifestations scientifiques sur les questions parlementaires, et de faire dialoguer chercheurs et praticiens.

Enfin, j’ai participé à plusieurs projets relatifs aux institutions parlementaires internationales, c’est-à-dire à la fois aux organes parlementaires des organisations internationales et aux structures qui favorisent la coopération entre les parlements (avec Stelios Stavridis et Clarissa Dri (dir.), Parliaments, Regional Integrations and Globalization. The role of international parliamentary institutions, Palgrave, 2013). Ils constituent des rouages centraux de la légitimation de divers aspects de la mondialisation, dans un contexte largement dominé par les exécutifs et, désormais, les multinationales.

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6. L'action extérieure de l'Union européenne

Plus récemment, je me suis penché sur la question de l’action extérieure de l’Union européenne. Longtemps cantonnée aux questions économiques et « civiles » (politique commerciale commune ; dimension extérieure des politiques intérieures telles que l’agriculture ou l’environnement ; aide au développement et coopération…) elle a pris un tour plus politique face aux nouveaux enjeux de la globalisation. Ni la fin de l’Union soviétique ni la généralisation du commerce à l’échelle globale et la suppression progressive des droits de douane n’ont, en effet, été les vecteurs de la pacification espérée. Le monde est traversé des tensions toujours plus vives entre des blocs qui ne partagent pas les mêmes conceptions et valeurs, et sont dans une situation de concurrence objective pour s’accaparer des ressources naturelles ou énergétiques toujours plus rares, et dominer des marchés très concurrentiels.

Dans ces conditions, les notions d’« Europe puissance », de « souveraineté européenne » et d’« autonomie stratégique » sont désormais au cœur du débat européen, et il convient de s’interroger sur la manière dont l’Union peut trouver sa place entre les autres grands blocs (Olivier Costa, A União Europeia e sua política exterior : história, instituições e processo de tomada de decisão, Fundação Alexandre de Gusmão, Brasilia, 2017 ; 2° ed. Brasília: Cidade gráfica, 2020). La guerre en Ukraine a, évidemment, été un accélérateur des réflexions sur cette question. Il ne s’agit plus de savoir si l’Union doit jouer un plus grand rôle à l’échelle global, mais de savoir selon quelles modalités.

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